360- Vie sexuelle : le consentement et l'accord

...             Le consentement, le fait de dire « oui », ne vaut pas beaucoup plus que le « oui » qu’on donne, au travail, à un chef quand il nous demande de faire quelque chose : on est dominé, on est bien obligé de dire « oui »...

360- Vie sexuelle : le consentement et l'accord

            Il est devenu de mode de répéter que, pour toute relation sexuelle, il faut qu’il y ait un « consentement ». C’est « Oui », ou c’est « Non ». Oui, c’est parfait, Non c’est du viol.

            C’est un peu simple. Dans la vie de tous les jours, l’immense majorité des rapports sexuels ne sont ni un viol brutal, ni un amour parfait.

            Si l’une des deux personnes refuse clairement, les choses sont tout de suite réglées. Mais bien souvent, il y a en a une qui a une forte envie de sexe, mais l’autre pas vraiment. Celle-là peut accepter la relation sexuelle pour plaire à l’autre, lui faire plaisir, ou juste pour être tranquille. Ou encore parce que l’autre insiste lourdement, ou risque de faire la gueule. Une femme peut accepter, pour ne pas passer pour quelqu’un de coincé. Ou pire par peur de l’autre. Dans toutes ces situations, il y a eu le fameux « consentement », mais on voit bien qu’il est plus ou moins forcé.

            Cette inégalité est presque toujours dans le même sens : ce sont les femmes qui se forcent. Cela arrive aux hommes, mais beaucoup plus rarement. Sans le dire mais en le faisant, toute la vie en société apprend aux femmes à se mettre au service des hommes. Et dans la sexualité, elles en arrivent souvent à faire passer le plaisir de l’homme avant tout, avant le leur.

            Le consentement, le fait de dire « oui », ne vaut pas beaucoup plus que le « oui » qu’on donne, au travail, à un chef quand il nous demande de faire quelque chose : on est dominé, on est bien obligé de dire « oui ».

            Il peut aussi se passer que ce soit après un début sans problème que la relation sexuelle devienne inégale : l’une des deux personnes ne se sent plus bien, elle ressent ce que fait l’autre comme ne lui convenant pas. Que vaut alors le consentement du départ ? Celui qui insiste peut-il continuer et dire : « il ne fallait pas me dire oui ! »  Le consentement doit-il être recommencé tout au long de la relation sexuelle ? 

            L’homme peut profiter de l’intimité pour vouloir jouir du fait qu’il peut dominer impunément, oublier le respect de l’autre, se sentir plus puissant. La femme, si elle est habituée à se mettre au service de l’homme, et à vouloir lui plaire, peut l’accepter. L’homme croit connaître la jouissance, il ne connaît que celle d’une banale domination.

            La société tout entière est basée sur l’idée de domination, et d’inégalité. Au travail, où il y a une hiérarchie pour tout le monde, c’est là que c’est le plus clair. Mais une domination se surajoute à toutes les autres, c’est celle des hommes sur les femmes. Et elle va évidemment vouloir exister, aussi, dans la vie sexuelle. 

            Mais, même et peut-être surtout s’il est dominé au travail et dans la vie, l’homme peut aussi décider de faire de son couple un endroit privilégié, un lieu d’égalité retrouvée et protégée. Il peut chercher à faire de l’échange charnel avec sa compagne, une relation de respect, d’écoute, de douceurs, de tendresse. Les femmes, elles aussi, peuvent profiter de l’intimité du couple pour faire en sorte que leurs désirs aient le droit d’exister, d’être respectés, et qu’une égalité s’installe dans ce que chacun peut offrir à l’autre et recevoir de lui.

            Une réponse respectueuse serait que les deux partenaires devraient, tout au long de leurs caresses, de leurs étreintes, garder un profond respect l’un pour l’autre. Pour cela, c’est à chacun de garder une partie de soi-même, de son esprit, pour rester sensible à ce que l’autre peut ressentir. Chacun peut être attentif à ce que l’autre aime ou pas, et adapter en permanence ses gestes. Si les deux personnes sont ainsi en accord, elles peuvent joyeusement oublier le consentement.

            Malheureusement, cette manière de voir, la société ne la transmet pas. Pire, elle entretient, elle reproduit, l’idée de domination. Parce que cette société est basée sur la domination des plus riches et des plus puissants, sur nous toutes et nous tous.

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